“Superstition”, Alexandre Mitchell, 2023 (50 x 65 cm, encre de Chine)

Qu’est-ce que la superstition sinon une croyance animiste irrépressible désapprouvée par une religion dominante ? La Bocca della Verità (« Bouche de la Vérité »), un disque rond de marbre pesant environ 1 200 kg, est posée contre un mur de la Basilica di Santa Maria in Cosmedin à Rome depuis le début du XVIIe siècle.

Cette figure en forme de masque, probablement sculptée au IIe siècle de notre ère, représente le dieu Océan. Étant donné qu’il est percé de 5 trous (yeux, narines et bouche), il ne s’agissait pas d’une tête de fontaine mais plutôt d’une bouche d’égout. Dans la Rome antique, les couvercles d’égouts représentaient souvent des divinités de l’eau et des rivières, comme si elles buvaient la pluie, guidant l’eau vers la mer.

Avec le temps, sa signification et sa fonction ont été oubliées et, à partir du Moyen-Âge, cet égout fut connu sous le nom de « bouche de la Vérité ». À cette époque (très) chrétienne, les gens imaginaient souvent que les anciennes sculptures païennes étaient secrètement vivantes par l’intermédiaire de démons piégés dans la pierre et elles inspiraient souvent une variété de contes de prudence. Comme Gregory Peck le dit à Audrey Hepburn des centaines d’années plus tard dans Roman Holiday (1953), « la légende veut que si tu mens et que tu mets ta main dans sa bouche, elle sera mordue. »

Ce qui était connu comme un test de fidélité entre époux inquiets en 1450 (bien que mentionné pour la première fois dans le Mirabilia Urbis Romae, un guide de voyage médiéval pour les pèlerins à Rome, écrit vers 1143) devient un piège à touristes à l’ère moderne, avec des milliers de couples qui font encore la queue devant la basilique pour placer leurs mains à l’intérieur de sa bouche, quelle que soit leur foi.

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