“Le masque fracturé (Kharkiv, 2022)”, Alexandre Mitchell, 2022 (42 x 59 cm, encre de Chine)
La guerre actuelle en Ukraine est une réminiscence de brutalités déjà opérées par les forces russes dans le passé.
Entre 1932 et 1933, Staline était déjà déterminé à anéantir l’identité nationale de l’Ukraine et le mouvement de résistance du pays, qu’il attribuait aux nationalistes ukrainiens dont le passé est lui-même sordide – 1,5 million de Juifs ukrainiens exterminés par les nazis et leurs supplétifs ukrainiens durant la seconde guerre mondiale.
Staline déporta et exécuta des millions d’Ukrainiens ; il saisit les récoltes des paysans pour les forcer à rejoindre des fermes collectives. Ces mesures engendrèrent rapidement la Grande famine, connue en Ukraine sous le nom de Holodomor ou « mort par la faim ».
Staline l’avait qualifiée de « conte de fées » et, jusqu’à ce jour, Moscou n’a toujours pas reconnu cette famine provoquée par l’homme, prétendant que des millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts de faim en raison de mauvaises récoltes.
Tout comme Staline, Poutine est un tyran qui ment sans vergogne à son peuple et au monde entier, qui manipule par la peur et utilise sa puissance militaire pour réprimer ses propres citoyens tout comme ses ennemis. La machine de propagande soviétique était incroyablement efficace en son temps, mais elle n’est rien en comparaison du contrôle que Poutine exerce sur les médias sociaux et les informations, ainsi que de son arsenal de pirates informatiques parrainés par l’État.
Comme l’écrit l’historien Simon Sebag Montefiore dans un article récent, « Poutine est maintenant passé d’un régime autoritaire à une oppression totalitaire. Alors que cette guerre atroce et les sanctions occidentales rongent la société russe, la terreur stalinienne deviendra essentielle pour maintenir Poutine au pouvoir. »
Pour en savoir plus
- Applebaum, A., Red Famine: Stalin’s War on Ukraine, Knopf Doubleday Publishing Group, 2017.
- Graziosi, A., ‘Les Famines Soviétiques de 1931–1933 et le Holodomor Ukrainien’, Cahiers du monde russe et soviétique 46/3, 2005, pp. 453–472.
- Koshiw, I., Ram E., ‘Kharkiv catalogues war’s toll on its architectural gems’, The Guardian, 05/05/2022 | Online
- Montefiore, Simon Sebag, Stalin: The Court of the Red Tsar, New York, Alfre, 2003.
- Montefiore, Simon Sebag, ‘Why Vladimir Putin is beholden to Stalin’s legacy’ New Statesman 2022 | online