“Le dévoreur de vies : le Congo de Léopold II”, Alexandre Mitchell, 2022 (42 x 59cm, encre de Chine)
Le terme de génocide a une portée très spécifique : la Convention sur le génocide approuvée à l’unanimité le 9 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies (CPRCG) le définit comme un « effort intentionnel visant à détruire totalement ou partiellement un groupe sur la base de sa nationalité, de son ethnie, de sa race ou de sa religion ».
Contrairement au génocide des Arméniens sous l’empire Ottoman, des Juifs sous le IIIe Reich ou des Tutsi au Rwanda, on ne peut parler de génocide au Congo. Et ce, malgré plusieurs millions d’hommes, de femmes et d’enfants systématiquement brutalisés, réduits en esclavage et morts dans l’exploitation de l’ivoire, puis du caoutchouc. Il s’agissait du nouvel État libre du Congo du roi Léopold II, qu’il possédait personnellement et dont il fut le maître absolu entre 1885 et 1908.
Il est connu comme le « roi bâtisseur », en raison de ses vastes projets urbanistiques réalisés à travers la Belgique tout entière et dont une grande partie fut financée par les immenses richesses qu’il amassa grâce à la sueur et au sang des habitants du bassin du Congo.
Le site du Cinquantenaire (l’arche monumentale, le parc et d’autres bâtiments) faisait partie d’un ambitieux projet urbanistique mené par le roi, qui souhaitait embellir Bruxelles pour la hisser au niveau des autres capitales européennes. Sur le dessin, le sang coule le long du monument et se déverse dans une carte du Congo belge légèrement déformée.
Il faut aujourd’hui être résolument opposé à la « cancel culture » qui sévit dans les médias et à la suppression de sculptures dans l’espace public au nom d’une pseudo-éthique, y compris les statues du roi Léopold II. Cela va à l’encontre de tout ce que défendent archéologues et historiens, mais aussi le bon sens. Ce que nous devrions faire, c’est recontextualiser ces marqueurs historiques, avec des explications et éventuellement de nouvelles notices, sinon nous ne tirerons jamais de leçons de l’histoire.
Pour en savoir plus
- Hochschild, A., King Leopold’s Ghost, Pan, 1999.
- Stanard, M. G., Selling the Congo: A history of European pro-empire propaganda and the making of Belgian imperialism, U of Nebraska Press, 2012.
- Vandersmissen, J., ‘The king’s most eloquent campaigner… Emile de Laveleye, Leopold II and the creation of the Congo Free State’, in: Belgisch tijdschrift voor nieuwste geschiedenis, 2011, blz. 7-57.
- Vanthemsche, G., Belgium and the Congo, 1885-1980. Cambridge University Press, 2012.