“Mary 2.0”, Alexandre Mitchell, 2024 (50 x 70 cm, encre de Chine)
L’Intelligence artificielle va-t-elle fracturer ou augmenter les religions ? Cette peinture s’inspire de la rose (vitrail) de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg. Et la Vierge à l’enfant de l’entrée principale est transformée en la Nouvelle Marie du film dystopique Métropolis de Fritz Lang. La main de Marie contient le « A » de la Bible de Gutenberg. Ce tableau remet en question le rôle de la technologie et de la religion, en particulier de la foi catholique. Elle commence par montrer comment l’invention technologique de la presse à imprimer a divisé une partie de l’Église et l’a menée au protestantisme.
En effet, grâce à l’imprimerie – inventée par Gutemberg qui a vécu en exil pendant près de 15 ans à Strasbourg – le grand public a pu accéder au texte de la Bible dans sa propre langue, l’allemand d’abord et d’innombrables langues par la suite. Auparavant, le texte était copié à la main, réservé à une élite et transmis par l’Église oralement ou sous forme d’images, de musique et de pièces de théâtre aux masses. L’impact de l’imprimerie ne peut être surestimé. En effet, de nombreux imprimeurs qui ont promu le protestantisme se sont ensuite engagés dans la Contre-Réforme. Cette technologie pouvait donc être utilisée de multiples façons.
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres. Elle est promue dans tous les cercles et dans tous les produits commerciaux et scientifiques. Son potentiel est énorme. Pourtant, au-delà de la peur évidente de perdre son emploi, d’être remplacé par des machines, beaucoup ont le sentiment tenace qu’il n’y a pas de véritable créativité dans le Chat GPT ou les divers logiciels de génération d’images par l’IA disponibles. Il s’agit d’outils puissants, capables en quelques secondes d’effectuer des recherches dans de vastes bases de données partout à travers le monde, sur base de données déjà produites par des HUMAINS – serait-ce une manière de contourner la propriété intellectuelle ?). Le résultat est un patchwork structuré généré qui est souvent imprécis et certainement bizarre lorsqu’il s’agit d’images. En fin de compte, il n’y a pas de véritable créativité ou de conscience artificielle dans le processus.
Pourtant, la véritable IA, celle dont nous avons pris connaissance dans la littérature ou les films de science-fiction, se produira un jour ou l’autre. Et elle soulèvera des questions extraordinaires pour les religions. Qu’adviendra-t-il de l’IA à l’avenir ? Va-t-elle fracturer l’Église et les autres religions comme l’imprimerie ou va-t-elle les renforcer ?